Manu Li wanxu

  • De février à décembre 2022

    “Prenant la forme de sculptures, d’installations, de performances ou de vidéo, le travail de Manu Li Wanxu interroge les positions et attitudes corporelles induites par nos environnements construits (urbains, architecturaux, mobiliers…). Les postures adoptées, acquises comme habitudes puis finalement admises comme normées sont utilisées et détournées pour ouvrir à d’autres possibles, à d’autres usages. Au travers de matières et d’objets ou de gestes paradoxaux, ces déplacements ouvrent à d’autres imaginaires des espaces et de leurs dimensions poétiques, politiques et sociales...”

  • Manu Li Wanxu né en Chine, dans une famille coréenne, diplômé aux beaux-arts de Marseille en 2015 dont le parcours s'articule autour d'une double culture coréenne et chinoise, et aujourd'hui française.

    Il a travaillé sur de multiples projets dans l’espace public de la ville. En 2013, il a exposé le projet en duo Le Mistral dans le cadre de la commande publique pour « Les rendez-vous aux Davides » pour Marseille-2013 au Jardin Bagatelle. Il a participé au Festival des Arts Éphémères de la Maison Blanche de Marseille en 2014 avec son projet Le Passage, pour surélever un chemin artificiellement. Pour le Festival de Parcours d’Art à Avignon en 2016, il a exposé une installation avec des chutes de bois pour recréer un angle de mur architecturale. En Résidence à Voyons-Voir en 2018, il a construit une maison La Serre au pied de la montagne Sainte Victoire. Fin 2020 son dossier a été retenu dans les lauréats pour le projet « 1 immeuble, 1 oeuvre » de Châteaux Valmante à Marseille. Et en 2021 il a été le lauréat de la résidence booster 5, au Port des Créateurs à Toulon où il a eu sa première exposition monographique : « Intervalle, Puits de Ciel ».

  • Résidence d’artiste, hospitalité, rencontre, 2018, texte par Christian Dumon

    “Le temps d’une résidence”

    A côté de la notion d’espace et d’environnement, il y a évidemment la question du temps. Manu Li Wanxu évoque volontiers l’architecture, au cœur de sa démarche d’artiste. Il admire l’architecture occidentale, dans sa grande tradition de la pierre de taille, qui symbolise la longue durée, l’éternité, particulièrement dans l’architecture sacrée. A cette symbolique de stabilité, d’éternité, il oppose la notion de changement, d’un monde qui se transforme, dans la ligne de la tradition orientale. En Orient, les sanctuaires, les temples, souvent en bois, sont périodiquement reconstruits par chaque génération, en respectant une tradition vivante, en transformation permanente. Dans sa démarche d’artiste, Manu veut travailler dans l’éphémère, pour jouer avec la qualité et avec le temps, avec des matériaux simples, avec la banalité des matériaux de la vie quotidienne : tissus, grillage, assiettes, terre crue (et non cuite), torchis d’argile et de paille. Aujourd’hui, quelques mois après sa construction, le torchis d’argile et de paille de la « Serre » se creuse et se transforme à chaque orage violent, comme une sculpture vivante.

    Le temps de la résidence a été presqu’entièrement dédié à la fabrication des panneaux de torchis. Il a fallu triturer la masse d’argile et la mélanger à la paille. L’artiste opère à même le sol, à l’horizontale, déployant une armature souple faite d’un grillage à poule, doublé d’un tissu de jute, sur laquelle il étale l’argile malléable, chargée d’eau. Après quelques jours de séchage, aidé de quelques camarades des Beaux-Arts, il a suspendu ces panneaux de torchis à la structure de bois. Ce travail de préparation représente pour Manu Li Wanxu un temps fort, comparable au temps de la cuisson en cuisine, ou au temps de fermentation du chou dans la fabrication du « Kimchi », plat coréen qui a inspiré plusieurs de ses œuvres récentes. Le temps, comme l’espace, sont des matériaux de l’œuvre.

    Résidence temporaire, résidence permanente, hospitalité

    Dans cette confrontation à l’espace et au temps de sa résidence, Manu Li Wanxu ouvre un dialogue avec ses hôtes. Il nous oblige à nous interroger avec lui : quelle est notre vocation, quel est le sens de notre vie, pour nous, ses hôtes, qui vivons en permanence dans ce lieu ? Il nous oblige à aller plus loin dans notre prise de conscience : quelle est notre identité profonde ? Nous qui, finalement comme lui, sommes de passage, pour un temps limité, dans cet espace d’argile rouge ?

    Extrait de texte - Frédéric Valabrègue 2016

    Li Wanxu est un sculpteur dont les matériaux et les gestes garde la mémoire d'un bâti rural. Sa sculpture prend naissance dans des maisons en torchis et dans la circulation propre à son village. Elle est un espace domestique arpenté et reconstruit à l'échelle d'un corps, celui de la courette, de la remise, du chemin entre deux murs. Elle est faite comme un habitat de terre crue dont il reste un tracé ou un poteau d'angle. Elle retrouve les gestes premiers des métiers,

    Il dit "un déplacement". Il joue très discrètement sur des bougés culturels provoqués par sa vie sur trois contrées, Corée, Chine et France. Il y a des frictions entre ce qui est commun et ce qui est différent dans les gestes premiers des différentes cultures. Ainsi la plus simple expression de la moulure pour le toit d'un bâtiment garde suffisamment d'inflexion dans son geste et sa manière de faire pour désigner une contrée. En même temps, la forme est quasiment commune. La sculpture de Li Wanxu se nourrit de différences dans ce qui nous est commun. Il fait co-exister un apprentissage qui est celui d'une enfance rurale et un autre qui est celui

Éloge de la verticalité
Prise de vue de la nuit performative La Peau des Yeux, 2022 chez Jeanne Barret
Photos ©Aurélien Meimaris

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Photographie, 30x24cm, OAA 2022, Jeanne Barret

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Installation performative, Marc de café, OAA 2022, Jeanne Barret