Le Labyrinthe

Ariane Germain, 2021

“Je voudrais raconter le labyrinthe de nos villes.

Cette année, je développe un projet de Recherche et Création Artistique en partenariat avec les écoles d’art lyonnaises (l’ENSATT, la CinéFabrique, le CNSMD et l’ENSBA) autour du Labyrinthe. Je m’intéresse surtout au labyrinthe narratif, un mouvement littéraire qui s’est développé en Amérique latine et principalement en Argentine au 20ème siècle.

Avant qu’un régime démocratique se stabilise, la littérature argentine était contrôlée par le terrorisme d’Etat qui gouvernait le pays. Les écrivain.e.s étaient contraint.e.s par la censure. Alors s’est posée la question de la manière de raconter le réel. C’est une période d’expérimentation textuelle dont la base est le brouillage des frontières entre récit fictionnel et récit référentiel par le hasard et les chemins narratifs à choix multiples.

J’ai principalement orienté mes recherches sur les écrits de Julio Cortazàr qui mêle le labyrinthe narratif à notre labyrinthe quotidien : la Ville. Dans son ouvrage 62 maquettes à monter, il parle de la Ville comme l’espace hors de la zone, un espace de non-sens, de non-identité : un espace autre”

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“Notre rencontre avec la Ville, qui se place comme un personnage à part entière, semble génératrice des possibles, des aventures, des heureux hasards, des associations d’idées. Chez Julio Cortazàr, la ville est active, elle révèle par le fantastique des réalités subjectives. Il met en avant l’idée que, selon nos usages, chacun.e possède sa propre ville. «La ville ne s’expliquait pas, elle était ; elle avait un jour émergé des conversations dans la zone et bien que le premier à en donner des nouvelles eût été mon parèdre, être ou ne pas être dans la ville devint presque une routine pour chacun de nous.» 62 maquettes à monter, Julio Cortazàr

J’ai décortiqué le roman de Julio Cortazàr afin de sélectionner et nommer 62 fragments de la Ville décrite par les récits de Paris, Londres et Vienne des personnages de 62 maquettes à monter.

LE CŒUR - LE CLUNY BAR - LA ZONE - LA VILLE - LA NUIT - LA VIE - L’HOTEL - LA SURFACE - L’ESCARGOT - LES MAINS - L’ASCENSEUR HORIZONTAL - LE TEMPS - LE CHATEAU SANGLANT - LA COMTESSE - MON PAREDRE - LA DOUCHE - LA RUE AUX HAUTS TROTTOIR - LE TRAIN - LE TRAMWAY - L’HERMODACTYLUS TUBEROSIS - LA PIERRE CIREE - LE KALEIDOSCOPE - LA STATUE DE VERCINGETORIX - LES MAISONS ROUGES - LES TEMPETES DE POCHE - LA POUPEE - LE PARE CHOC - LES MEUBLES - LES COULOIRS DU METRO - LA COMTESSE - LE BASILIC - LES GNOMES…

De cette manière, je voudrais comprendre comment un même espace peut être plusieurs espaces - comment fabriquer un labyrinthe sans paroi : un labyrinthe de mots et d’images. Je cherche comment on peut arpenter la ville de l’autre

« L’option du lecteur, son montage personnel des éléments du récit, seront dans chaque cas le livre qu’il aura choisi de lire. » 62 maquettes à monter, Julio Cortazàr

Le livre que j’ai choisi de lire est imagé. L’écriture de Julio Cortazàr est plastique : je n’emprunte pas seulement des chemins de mots, ce labyrinthe me plonge dans le décor d’un conte renversant l’ordinaire. J’ai poussé mon montage du récit au modelage et à l’organisation spatiale de ces fragments, de ces maquettes en un ensemble, en une île labyrinthique. A partir des titres des fragments, j’ai imaginé l’architecture du labyrinthe 62 que j’ai modélisé en 3D. A partir de cette modélisation, je réaliserai une sculpture en terre. N’arrivant pas à me contenter du texte, je questionne l’outil pour faire labyrinthe. Il me semble que les ramifications peuvent s’étendre à la démultiplication des écritures du labyrinthe.”