Observer, expérimenter et écrire le cycle des matières

Delphine Mogarra, 2021

Delphine Mogarra articule sa pratique autour du concept de Physis qui nous dit qu’«il n’y a naissance de rien, mais seulement mélange, échange de choses mélangées ». Elle propose avec ses sculptures et installations d’accompagner l’œil vers l’observation de rencontres, réfléchissant l’impermanence des matières et le cycle, créant un terrain de confusion où se jouent des expériences alchimiques. L’atelier est comme un laboratoire, un terrain d’observation de manifestations naturelles et d’expérimentations. Sa pratique est poreuse au contexte naturel et social. Elle mène différents projets de transmission : workshops avec les beaux-arts de Marseille, enseignante pour les cours du soir, et propose aussi des stages au sein de l’atelier collectif qu’elle a co-crée en 2016 : l’Atelier Hyph. Animée par ce que le groupe peut activer, elle travaille en résidence avec différents publics amateurs (centre social, hôpital) pour faire circuler les gestes et les expériences individuelles vers des réalisations collectives.

Récipient/excipient est un projet d’installation se concentrant sur le processus d’érosion. En même temps que je crée des formes sculpturales, je réalise leur poids, leur place matérielle. Nous faisons face à un état de surproduction, de surcharge pondérale de matières qui s’entassent et se sédimentent. Récipient/Excipient est une recherche qui questionne la création de formes : Créer est-ce forcément produire de la matière ? Comment se rejoignent les actions d’ajouter et soustraire ? Faut-il envisager des gestes de destruction ?

PUBLIC ASSOCIÉ : JEUNES ADULTES

STRUCTURE ASSOCIÉE : LES ATELIERS JEANNE BARRET

OBSERVER, EXPÉRIMENTER ET ÉCRIRE LE CYCLE DES MATIÈRES

Des récipients en plâtre de différentes tailles et épaisseurs, sculptées par rapport à l’espace, seront soumis à un dispositif érodant. Ils seront alimentés quotidiennement en solutions : mélange d’eau et de substances chimiques, des micro-polluants déjà présents dans l’eau (perturbateurs endocriniens, détergents...). Une nouvelle érosion s’observe. Le contenant absorbe, filtre, exsude, se corrode. L’objet devient fragile, il avance doucement vers l’état de ruine, vers l’archéologique. À force, irons-nous jusqu’à complète désintégration ? Ou attendrons-nous un moment limite où résiste qu’une fine pellicule de matière ?

Le projet s’ouhaite envisagera collectivement le phénomène d’érosion et le pouvoir sculptant de l’eau, le cycle de transformation des matières et les va-et-vient entre production/destruction. Différentes étapes de la recherche et de la production de l’oeuvre seront partagées : des moments d’observation minérale sur le terrain, de dissection des étapes de transformation des matériaux de construction comme le plâtre, des tissages de récits individuels... Plusieurs temps seront dévellopés une ou plusieurs sessions, suivant le fonctionnement de la structure sociale et le cadre envisagé par le dispositif de la DRAC, Rouvrir le monde