Village Ville
Julien Oppenheim, 2023
Exposition du 13 octobre au 24 novembre 2023
Ateliers menés avec les femmes du cours d’alphabétisation de l’école maternelle Extérieur
Les lundis en 15 depuis janvier 2023
_Création
« Les bancs publics en métal troué, l’ombre des arbres sur les places, la pente des ruelles, la couleur du ciment vieilli des façades, la nature sauvage entre les murs, les portes ouvertes, le linge dans la rue, l’épicerie, le boucher, l’église. Autour de l’église copte orthodoxe de la Vierge Marie et de Sainte Mina, le village des Crottes est un village typique de Marseille qui ressemble en apparence à celui de mon enfance.
Le choc de désindustrialisation que subit la ville dans les années 70 va le vider progressivement de ses industries pour ne laisser que des friches béantes, détruites ou réhabilitées aujourd’hui dans le cadre du projet de renouvellement urbain Euromed 2. La plupart de ses commerces de proximité ont tiré leur rideau.
Lors de mon arrivée dans le quartier, grâce au projet Jeanne Barret, situé dans un ancien entrepôt en bordure du village, je me suis interrogé : est-ce que ce village, qui ressemble en tous points au village où j’ai grandi, est un village ?
VillageVille est un humble état des lieux : regarder sans complaisance ni jugement la réalité du village des Crottes, en photographiant son architecture dégradée, et pourtant vécue, ainsi que la vie qui s’y déploie »
Julien Oppenheim
_Transmission
La résidence en territoire de Julien Oppenheim s’est déroulée en deux volets : un atelier de prises de vue dans le village des Crottes avec cinq femmes du cours d’alphabétisation de l’école maternelle Arenc-Bachas d’une part, et la participation d’une édition spéciale du
fanzine L’avis des gens, développé par le Pôle des attentions de Jeanne Barret avec les femmes de ce même cours d’alphabétisation.
1_Les prises de vue
Les habitants parlent aisément du village qu’ils habitent, du village qu’ils aiment, leur village mais ce village existe t-il ? Voici les questions qui animent le projet photographique de l’artiste Julien Oppenheim, co-fondateur de Jeanne Barret.
Julien Oppenheim alterne des séances de déambulation dans le village avec un groupe de femme durant lesquelles elles s’initient à la photographie et des ateliers de mise en page. Les échanges et les analyses collectives des photographies produites par les participantes et par l’artiste permettent de rendre compte de ce qu’est un “village” dans un espace en pleine mutation architecturale et urbanistique.
Les photographies ont été imprimées en de nombreux exemplaires et mises en libre service sur les bords de l’agora dans l'espace d’exposition de Jeanne Barret au cours de l’évènement Faire Village. Elles ont également servi de support pour un rallye photo, activité de médiation à destination des scolaires menée par le Pôle des attentions. Muni·es des photographies, les enfants se mettent à la recherche des endroits de prise de vue et re-découvrent ainsi le village des Crottes, en posant un autre regard sur les ruelles qu’iels arpentent.
2_L’interview
À l’école maternelle Extérieure Arenc Bachas du village des Crottes, des ateliers pour créer un journal de quartier, sous la forme d’un fanzine imprimé, ont lieu tous les lundis après la sortie des classes : L’avis des gens. Cette initiative émane d’un groupe de résidentes locales désireuses d’apprendre la langue française. Cette collaboration active s’inscrit dans une volonté de redynamiser la vie sociale et culturelle des Crottes.
Ces femmes parlent avec une grande aisance du village qu’elles appellent leur chez-soi, un lieu qu’elles chérissent profondément. La plupart d’entre elles ont arpenté les rues du villages aux côtés de Julien. Elles ont voulu en savoir plus sur Faire Village. Des séances d’écriture et de diction ont été organisées en amont avec le Pôle des attentions pour préparer une interview avec Julien Oppenheim. Leurs questions permettent de mettre en lumière les interrogations qui les animent, tant en ce qui concerne les projets artistiques liés à l’évolution architecturale et urbanistique de leur questier qu’en ce qui concerne leur propre relation à cet espace en pleine mutation.
Cette édition spéciale du journal L’avis des gens est disponible à la consultation dans l’espace d’exposition de Jeanne Barret.
Avec la participation de Zaineb, Dalel, Malika, Orkia, Sarah, Kamla, Assia, Dyhia et Lydia.
Traduction du français vers l’arabe par Loubna Zaoui.
Julien Oppenheim, né en 1973, diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, vit et travaille entre La Ciotat et Paris.
Dans son travail, il poursuit, par son obsession du cadrage et de la lumière naturelle, la recherche de la délicatesse, pour ne pas évoquer une certaine philosophie marquée par la recherche du beau. En ce sens, la photographie délibérément éclectique que propose Julien Oppenheim est une invitation à l’attention du regard, et offre une intimité inattendue avec le sujet, qu’il s’agisse d’un geste, d’un motif ou d’un objet.
Au fil de ses reportages, il développe des séries de paysages et d’intérieurs pour divers magazines, et aime se confronter au cadre contraint de la commande en réalisant des images qui exploitent la ligne et la lumière pour des maisons de design ou de mode.
Parallèlement, Julien Oppenheim réalise des films sur des artistes contemporains comme Claire Tabouret ou Mathieu Cossé.
Son travail a été exposé au Centquatre à Paris et à la Design Parade à Toulon.