Roy Köhnke
En résidence aux ateliers Jeanne Barret du 15 janvier au 31 mars 2022
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Inspirées par l’histoire des sciences anatomiques, Bulk flesh Studies se concentrent sur la manière dont les outils d’observation scientifique influencent et transforment notre perception du corps, de son existence à sa mort. Développé́ en collaboration avec un institut spécialisé (CRMBM à Marseille), le projet utilise les dernières technologies d’imagerie médicale IRM pour interroger notre incapacité à produire une image complète du corps compris comme et dans un environnement. La première phase du projet se développera de janvier à avril 2022, entre deux espaces : un atelier de résidence à Jeanne Barret puis Buropolis et le laboratoire du CRMBM. Différents assemblages composés de matériaux organiques, minéraux et synthétiques (plâtre, feutre, bois, élastomère, cire) seront créés dans l’atelier puis testés au centre d’imagerie médicale. À partir de ces tests, un ensemble de sculptures sera réalisé à l’échelle des outils d’observation avant d’être scanné. Cette première phase est soutenue par Mécènes du Sud Montpellier Sète, DRAC IDF, Jeanne Barret et Buropolis Marseille. Toutes les données collectées (images et sons) constitueront la matière première de la deuxième phase du projet. : la création d'un film d'animation 3D qui permettra de s’immerger dans les intériorités scannées des sculptures, déployées en un paysage virtuel, comme un corps ouvert et retourné.
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Je considère mes œuvres comme des entités techniques vivantes. En tant que sculpteur, je crée des êtres hybrides en fusionnant des caractéristiques animales avec celles du design industriel. Alors que la décomposition de leur chair souligne les formes aérodynamiques de leur corps, ils apparaissent et révèlent un mécanisme complexe basé sur divers éléments matériels et théoriques interconnectés. Mon objectif est de supprimer les limites du corps en reconnectant ses spécificités physiques et narratives à son environnement tout en le considérant comme une terre en soi. Si je commence par les dessiner, mes sculptures se déterminent principalement par la manipulation de la matière. Le plâtre, le feutre de laine ou encore l’élastomère de polyuréthane sont des matériaux qui m’attirent pour leurs qualités métamorphiques et polysémiques. Je considère mes œuvres comme réussies lorsque je les sens chargées d’une énergie qui éveille le trouble et le désir ; par exemple, lorsque je ponce le plâtre jusqu’à ce qu’il atteigne la douceur irrésistible de la peau. Les corps que je sculpte sont des mutations résultantes de notre société insatiable. La série Suspended consumption, par exemple, utilise des câbles Ethernet pour se développer comme les parasites de notre système communicationnel globalisé. Travailler avec les nouvelles technologies d’observation médicale comme l’IRM, se nourrir de cosmogonies comme celle des aborigènes d’australie que j’ai découvert par mes origines mais aussi, lire Barbara Glowczewski, Graham Harman, Hicham-Stéphane Afeissa et bien d’autre, m’aide à restaurer un corps qui a été fragmenté et isolé par le développement et la domination de la science anatomique occidentale. Supprimer les limittes du corps est un processus de recherche qui commence par ne plus faire de distinction entre les sculptures, les corps et leurs environnement (Land). Une pratique d’écriture accompagne chacun de mes projets. Mes textes décrivent, peut-être de manière plus incisive, ce processus de réclamation dans leaquel.le est engagé.e cette sculpture/ corps/environnement. Dans mon texte Throat, par exemple, en entendant les battements de son cœur résoner sur les murs, une femme se rend compte que la cage dans laquelle elle vit n’est rien d’autre que son corps.
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Roy Köhnke (né en 1990, Fr) a étudié aux Beaux Arts de Paris dans les ateliers d’Ann Veronica Janssens et de Michel François. Depuis 2017, il est cofondateur du collectif d’artistes le Wonder (Clichy, Fr) et co-dirige leur espace où il vit, travaille et mène également un projet d’exposition collective intitulé Les Boucheries. Expositions solo et duo : Galerie Eric mouchet, (Paris, Fr), Doc (Paris, Fr), 76,4 (Brussel, B), In.plano (Ile Saint Denis, Fr). Expositions collectives, Frac Normandie Caen, Caen, Fr), Galerie VEDA (Florence, It), MAC Lyon (Lyon, Fr), Galerie Filles du calvaire (Paris, Fr), La Panacée (Montpellier, Fr), Fondation d’entreprise Ricard (Paris, Fr). Il a récemment été récompensé pour son projet Bulk flesh study par la DRAC IDF et le prix Mécènes du Sud.»